Pétrole: l’utilisation concertée des réserves stratégiques aura « un impact limité » sur le marché
ALGER – La décision des Etats-Unis et d’autres pays consommateurs de pétrole portant utilisation des réserves stratégiques pour casser les prix n’aura qu’un « impact limité » sur les cours de pétrole, a fait savoir l’expert énergétique Mahmah Bouziane, qui préconise la « retenue » des membres de l’OPEP + face à cette situation.
Dans une déclaration à l’APS, l’expert a estimé que « l’utilisation concertée des réserves stratégiques de pétrole aura un impact limité et de courte durée sur les cours », appelant l’OPEP+ « à faire preuve de retenue pour prévenir un autre conflit autour des cours du pétrole, et réduire à néant les efforts et les sacrifices historiques de l’Organisation ».
Les parties à l’origine visent à travers cette démarche (recours à l’utilisation des réserves stratégiques) à créer « une ruée hystérique » et couler le marché avec des baril-titres en vue de casser les prix, a précisé M. Mahmah. Paradoxalement, a-t-il fait remarquer, les cours du pétrole repartent à la hausse.
En effet, les cours du pétrole ont augmenté, mardi, quelques heures après l’annonce par les Etats-Unis d’Amérique et d’autres pays de puiser de façon concertée dans les réserves stratégiques en vue de contenir la hausse des prix au niveau mondial.
Le prix du baril du Brent a augmenté de 2,61 USD (3,3%) soit 82,31 USD, celui du West Texas Intermediate (WTI) a augmenté de 1,75 USD (2,3%) atteignant 78,50 USD.
L’expert a en outre expliqué que l’Opep+ a toujours été prudente dans ses lectures des développements du marché mondial du pétrole, notamment avec la quatrième vague de Covid-19 qui menace l’économie mondiale.
Cette situation, ajoute-t-il, présage « un excédent de l’offre pétrolière dans les jours à venir et non pas une pénurie des approvisionnements pétroliers, ce qui nécessite de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole ».
A ce titre, M. Mahmah a fait part des craintes quant à cet excédent qui ne peut être absorbé que par des spéculateurs qui cherchent à organiser leurs profits à travers la collecte à nouveau de l’ensemble de quantités qui seront exposées après que la Maison blanche ait annoncé de puiser 50 millions de barils dans les réserves stratégiques américaines. De son côté, l’Inde a annoncé de puiser cinq (5) millions de barils dans ses réserves stratégiques en coordination avec d’autres consommateurs, dont la Chine, le Japon et la Corée du Sud.
Le recours aux réserves stratégiques : un dénigrement des efforts de l’OPEP+
Pour cet expert, le recours par les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et la Chine aux réserves stratégique afin d’impacter les prix de pétrole, est condamnable pour plusieurs raisons dont « la mésestime des sacrifices historiques de l’OPEP+ en renonçant à son droit à la production et au pompage de près de 10 millions de barils/jour de l’ensemble de son quota dans l’objectif de sauver les marchés pétroliers et l’économie mondiale ».
Selon M. Mahmah, ces sacrifices sont intervenus au moment où les grandes économies refusaient de rejoindre l’accord de l’OPEP+ en recourant « au remplissage de leurs stocks stratégiques par un pétrole à bas prix pour l’utiliser aujourd’hui contre ceux ayant sauvé le monde d’un effondrement sûr en pleine pandémie ».
Et de préciser que les réserves stratégiques de pétrole ne doivent être utilisées que dans les cas urgents en vue de sauver tout éventuel arrêt des approvisionnements internationaux pour des forces majeures, explique le même expert.
« En effet, l’utilisation de ces réserves se veut le déclenchement d’une guerre contre une autre partie ou en vue de faire face à une guerre annoncée par d’autres parties, au moment où la seule guerre que tout le monde doit mener, c’est de rallier le front contre la pandémie », a-t-il ajouté.
« Les réserves pétrolières stratégiques ne sont point destinées à baisser les prix au niveau des marchés mondiaux d’autant que le ciblage des prix s’oppose à l’approche libérale et à la nature des marchés capitalistes », précise M. Mahmah.
Il a rappelé, par ailleurs, que l’OPEP+ parle toujours de l »équilibre » du marché et n’a jamais évoqué les prix.