Enquête au niveau de 305 entreprises nationales : «60% encourent des problèmes de trésorerie»
La crise sanitaire, comme partout dans le monde, a beaucoup affecté l’emploi en Algérie.
Des retournements inédits ont survenu. Des centaines d’entreprises ont mis la clé sous le paillasson, et des milliers de travailleurs se trouvent en chômage. Menant une enquête de terrain au niveau de 305 entreprises, Nabil Belouti et Omar Ait Mokhtar, respectivement de l’Université d’Oran 2 et de Chlef, indiquent que face à des difficultés pareilles, «plus de 31.48% des entreprises ont fait recours au chômage technique. D’autres entreprises ont préféré avancer les congés (58.69%) pendant que 30.16% ont choisi comme solution le travail à distance». Aussi, de toutes les entreprises, seules «40.98% avouent avoir strictement respecté les mesures sanitaires».
Des chiffres qui conduisent à l’inévitable question : la reprise réelle est-elle pour bientôt ? Pas si sûr. Pis, le bout de tunnel semble s’éloigner. «34.75% seulement des entreprises étudiées déclarent être confiantes de surmonter les difficultés, expliquent les universitaires.
Et d’ajouter : «Ce chiffre n’est pas du tout rassurant quand on voit que plus de 26.23% n’ont pas trouvé de qualificatif à leur degré de confiance et que plus de 13.11% renoncent déjà à leur survie dans l’industrialisation en ciblant les compétences entrepreneuriales, le développement des clusters et le financement des entreprises». Si l’impact sur le monde des affaires est mondial, en Algérie, précisent les auteurs de l’enquête, «le e-gouvernement et la numérisation du secteur de la santé sont les deux projets les plus urgents».
Ils espèrent que cette crise soit «un vrai catalyseur des bonnes actions, renforçant le domaine des affaires afin de le rendre plus fort et le préparer pour surmonter des crises futures éventuelles».
Par ailleurs, l’enquête explique que la fragilité du tissu économique a fait que la crise sanitaire actuelle soit «plus fatale que dans une économie qui n’est pas dépendante des hydrocarbures». En effet, le confinement qu’a imposé la pandémie aux PME et au TPE voire même aux grandes entreprises et au tissu économique dans sa totalité, explique-t-on, «a entraîné des perturbations impactant l’activité des différents opérateurs économiques». Les chiffres parlent d’eux-mêmes. «36% des entreprises prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 50% pour l’année 2020», affirment les auteurs de ce travail d’investigation. Plusieurs facteurs expliquent cette situation.
Il est question de la rupture d’approvisionnement, du gel des investissements et de leur report à des dates difficiles à définir. Dans cette optique, il convient de rappeler que la CIPA 2020, dans son rapport de mai dernier, expliquait qu’une nouvelle stratégie économique post-COVID-19 doit être mise en place autour de plusieurs axes portant la bonne gouvernance, l’amélioration du climat des affaires, la stabilité juridique, la digitalisation de l’administration et des entreprises, la simplification des procédures administratives ainsi que l’adoption d’une stratégie à l’export.
Ce n’est pas tout. 97.70 % des entreprises étudiées ont effectué un report des investissements entrepris. Aussi, révèle l’enquête, «plus de 60% encourent des problèmes de trésorerie et plus de 68% rencontrent même des difficultés pour payer les salaires».
Fouad Irnatene