Industrie : Pour une véritable dynamique de substitution
Comment déployer le potentiel industriel, «existant et dormant», au service
de la diversification économique du pays, soutenir les exportations et promouvoir la production nationale, tels sont les axes abordés lors de la dernière réunion du ministre de l’industrie avec les responsables des groupes du secteur public marchand.
En fait, les performances de l’industrie sont loin de refléter sa valeur économique, d’où les orientations des pouvoirs publics vers la valorisation de ce segment, retenu comme prioritaire dans la stratégie de relance de la croissance du pays portant sur la réduction de la dépendance aux hydrocarbures.
Un plan qui accorde ainsi un intérêt particulier à la mise en place d’une base industrielle publique performante dans le sillage de la politique de redéploiement du secteur, dont la part dans le PIB demeure très marginale, soit une contribution figée à 5%. Dans ce contexte, Zemirli Radhia, enseignante-chercheur (université mouloud-Mammeri) souligne que «les perspectives de développement de l’économie algérienne sont étroitement liées à son potentiel de diversification, qui peut être exploité, notamment, à travers la mise en place des leviers du déploiement de l’industrie».
Or, constate-t-elle, «le secteur industriel est entravé par des enjeux de taille qui l’empêchent de se développer, et ce malgré les différentes réformes et initiatives pour le relancer qui ont été vouées à l’échec et sans un effet important sur ce secteur qui peine toujours à prospérer».
Zemirli Radhia explique à ce sujet que la vulnérabilité de l’industrie algérienne est liée à plusieurs facteurs et insuffisances, notamment une «forte dépendance aux importations des inputs» et un «manque de compétitivité», en plus du fait que «l’ouverture de l’économie nationale génère de nouveaux défis pour les entreprises algériennes qui devront affronter une concurrence de plus en plus vive sur le marché domestique et sur les marchés extérieurs».
Le second facteur est lié, affirme-t-elle, au climat des affaires jugé «peu propice aux investisseurs», mais aussi «le moins attractif aux PME/PMI». Outre ces faiblesses, d’ailleurs prises en considération dans le plan d’action du gouvernement, l’enseignante-chercheur Zemirli Radhia évoque également le «manque de cohérence et de visibilité de la politique nationale en matière d’investissement, la rigidité dans le financement en raison de la faible performance du système financier, l’existence d’un secteur informel de grande ampleur, des difficultés d’accès au foncier et au marché extérieur à cause, entres autres, de l’absence d’initiatives d’exportation, la bureaucratie et lenteur des procédures administratives, le manque de fiabilité et de clarté d’informations concernant le marché national et une faible coordination entre les divers acteurs concernés», notamment, dit-elle, «les investisseurs, les banques, les administrations publiques, etc». Selon cette dernière, les débats économiques doivent aujourd’hui être «repositionnés en les recentrant autour des préoccupations les plus récurrentes».
De son point de vue, les pouvoirs publics doivent entreprendre «une réforme du cadre de régulation des affaires et du dispositif législatif et fiscal qui les régissent en vue de lever les obstacles à la création et au développement des entreprises».
Aussi, elle estime que «le développement du contexte industriel national passe par la densification de notre tissu industriel et son organisation en filières favorisant l’intégration de la production nationale et la mobilisation de toutes les potentialités pour exploiter les opportunités qu’offrirait le marché». Il s’agira aussi d’opérer une mise à niveau des entreprises industrielles qui s’avère, dit-elle, «un défi à inscrire dans la démarche globale d’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale, en général, et de l’entreprise, en particulier» pour situer cette dernière dans «une dynamique de substitution et de véritable alternative de croissance hors hydrocarbures».
D. A.
Source : https://www.elmoudjahid.com/fr/economie/industrie-pour-une-veritable-dynamique-de-substitution-7063