L’agriculture oasienne, facteur clé dans la sécurité alimentaire en Algérie
ALGER- L’agriculture oasienne constitue un facteur clé pour assurer la sécurité alimentaire en l’Algérie et contribuer à la croissance économiques du pays, notamment grâce au grand potentiel du palmier dattier, ont affirmé mercredi à Alger des experts dans le domaine agricole.
A ce titre, l’agro-écologiste Fatoum Lakhdari a indiqué, à l’occasion d’une journée d’étude ayant pour thème « L’agriculture oasienne: pivot organique du développement durable », organisée par l’Institut national des études de stratégie globale (INESG), qu’il était possible de cultiver des produits nécessaires pour l’alimentation des populations dans des palmerais, ce qui contribuerait à assurer la sécurité alimentaire de l’Algérie.
Toutefois, elle a souligné que pour aller vers la sécurité alimentaire, tout en réduisant la facture d’importation et en équilibrant la répartition des populations sur le territoire national, il est nécessaire de considérer la datte comme un produit « stratégique ».
Mme Lakhdari a lié cela aux nombreux avantages que représente la culture de la datte, en matière de qualité des aliments cultivés autour, de leur diversité, mais aussi en termes de création d’emplois grâce à l’écosystème économique qui peut se développer autour de la datte et de ses dérivées
Pour sa part, l’expert Brahim Zitouni a mis en avant le potentiel du palmier dattier qui peut devenir « la colonne vertébrale de tout le système agricole en Algérie ».
Il a appelé à s’inspirer du modèle oasien afin de « le généraliser » pour que l’ensemble des cultures algériennes puisse être planté à l’ombre du palmier dattier en évitant les ensoleillements excessifs et les évapotranspirations importantes.
M.Zitouni a estimé que les systèmes oasiens basés sur le palmier dattier « reflètent la performance, l’économie et la durabilité ».
Il a suggéré, dans ce sens, de multiplier « par quatre voire cinq » les périmètres oasiens à la faveur du potentiel de transformation « énorme » des dattes et des biomasses de ces systèmes dans des industries « mondialisées » comme les alcools, les sucres, les levures et tout type d’acides, notamment l’acide citrique utilisé dans les boissons gazeuses ou les acides gluconiques exploités en pharmacie.
L’exportation de sucre liquide issu des dattes permettrait de payer la facture d’importation de sucre de cannes
A titre d’exemple, il a révélé que l’exportation de 1,2 million de tonnes de sucre liquide inverti, produit à partir de variétés de dattes peu consommées, « permettrait de couvrir la facture en devises des importations de sucre de cannes, et de ce fait équilibrer la balance commerciale sur ce produit stratégique ».
De son coté, l’expert dans la culture de la datte, Abderrahmane Benkhalifa, a mis en avant l’opportunité de développer et de réhabiliter des variétés portées disparues, tout en encourageant l’émergence de nouvelles sélections, à l’instar de la variété « Muludiyah » qui a été révélée en novembre 2021.
M.Benkhalifa a, aussi, préconisé la promotion de variétés ayant des atouts telles que la datte « Aggaz » qui arrive à maturité en mois de juin ou encore « Taqerbucht » totalement résistante au champignon bayoudh.
Invité à cette journée d’étude, à laquelle a assisté le Conseiller auprès du président de la République chargé des affaires économiques, Yacine Ould Moussa, le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) en Algérie, Robert Bachofer, a mis l’accent sur l’importance de la « perspective humaine » dans la réussite des modèles oasiens grâce à « l’appropriation des projets par les populations ».
Lors de son intervention, le DG de l’INESG, Abdelaziz Medjahed, a indiqué que cette rencontre qui entre dans le cadre de la préparation d’une conférence nationale programmée au cours du mois prochain, « revêt une grande importance dans la mise en valeur du potentiel énorme de l’Algérie dans la réalisation de sa sécurité alimentaire et son autosuffisance ».