Grande distribution : Appel à la réduction du coût fiscal
Classée au chapitre des grandes priorités, l’inclusion financière est nécessaire à plus d’un titre, à plus forte raison avec l’impact négatif du Covid-19. Plusieurs pistes peuvent contribuer à atteindre une inclusion optimale. Le président du
cabinet FINABI, Chabane Assad, spécialisé dans l’analyse économique et financière, relève «le rôle nodal de la grande distribution». Il fait savoir que «la grande distribution alimente le circuit bancaire alors que les détaillants ont une aversion envers la sphère financière».
Chabane Assad, président du cabinet FINABI, préconise «une réduction du coût fiscal pour la grande distribution (un taux forfaitaire de 5%) et aux banques de financer massivement les projets d’hypermarchés et supermarchés car il y aura un effet levier sur l’inclusion financière et l’utilisation des moyens de paiement modernes». Pour Assad, «la grande distribution ne représente que 3% de l’activité commerciale en Algérie, tandis qu’en France, elle représente 70% du circuit de distribution des fruits et légumes et plus de 75% du circuit de distribution de la viande». Pour le commun des experts, la grande distribution en Algérie fait face à un climat des affaires qui reste contraignant, aux difficultés d’accès au foncier, une rigidité de la législation des changes, des prix prohibitifs de l’immobilier. Notons que c’est le groupe CEVITAL qui a été à l’origine de la première enseigne algérienne de grande distribution, en l’occurrence «UNO». Dans son analyse, Assad explique que «la valeur de la production agricole a été supérieure à 3.300 milliards de DZD en 2020. Cette dernière est transigée à hauteur de 97% au niveau du circuit de distribution de détail ; boucherie, primeurs non structurés et informels. Il indique également que cette masse monétaire «échappe chaque année au circuit bancaire car ces détaillants appréhendent la sphère financière pour des raisons fiscales principalement et culturelles subsidiairement».
Ce foisonnement d’acteurs, aux yeux du président du cabinet Finabi, crée une «pression sur l’offre qui induit une inflation comme celle que nous avons vécue durant ce mois sacré». Par ailleurs, il y a lieu de préciser que les enseignes de distribution, comme l’expliquent Wafa Chaib et Mohamed Ben Ahmed, universitaires, «auront du mal à atteindre leurs objectifs et devenir les commerçants préférés des Algériens sans la dynamisation des PME algériennes qui restent le facteur clé de la baisse des prix dans les grandes surfaces».
Pour les deux universitaires, l’interrogation sur le fait de s’inspirer du modèle français peut légitiment se poser. Il faudrait, expliquent-ils, tirer les leçons des échecs passés en Algérie et ailleurs, le défi pour les distributeurs algériens étant d’adopter une toute nouvelle façon de penser.
Fouad Irnatene