L’importation des viandes rouges est interdite

ABDELHAMID HEMDANI, MINISTRE DE L’AGRICULTURE, À «LSA DIRECT» :

Comme à son accoutumée, l’animateur de l’émission «LSA direct» n’a pas hésité à soulever toutes les questions de l’heure et des plus pertinentes liées au secteur de l’agriculture en Algérie. Dans un débat franc, Hakim Laâlam a invité le ministre à rendre compte de tous les dossiers, pour le cas de l’affaire de l’importation de blé avarié, comme pour les voies et moyens de produire plus pour barrer la route à ceux qui profitent des importations, ainsi que pour l’exportation de certains produits dont les viandes rouges. Le ministre Hemdani se prononcera sur la modernisation du secteur par la digitalisation et l’ouverture de la filière agricole au niveau des universités.
Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) – Il faut donner un autre visage à l’agriculture algérienne, a affirmé le ministre, par le biais de la numérisation du secteur et l’ouverture de l’investissement par la « débureaucratisation » du système des coopératives, l’optimalisation des capacités de production des méga-abattoirs qui n’en sont qu’à un seuil de 30 ou 40% seulement, et le développement des cultures stratégiques afin de réduire la facture des importations.
Abdelhamid Hemdani défend à ce sujet le système des coopératives comme il défend les intérêts de l’agriculteur et appelle à son soutien, car «cette forme organisationnelle permet à l’agriculteur de se concentrer sur sa production», fait-il savoir. La digitalisation du secteur est stratégique et le ministre y tient pour la modernisation du secteur, annonçant à ce sujet que des cadres ont été formés dans ce domaine et que deux fermes pilotes sont fonctionnelles en attendant la généralisation de l’opération en 2021. Ce procédé permet l’identification du cheptel et sa géolocalisation dans son mouvement, a-t-il précisé.
Le ministre de l’Agriculture a révélé que les produits agricoles algériens sont convoités par les pays étrangers de par leur qualité naturelle, citant le cas de la Russie, les pays africains et ceux du Moyen-Orient.
Mais face à un marché mondial exigeant, il dira que «nous devons nous inscrire dans cette dynamique d’exportation et mettre en place un dispositif à même de faciliter le processus d’exportation» citant au passage «les contraintes du fret», qu’il considère parmi des contraintes à «notre portée». Et c’est dans ce même volet qu’il annonce les possibilités d’exportation de la viande rouge algérienne, faisant rappeler que les importations des viandes fraîches et congelées sont interdites. Ceci est inscrit dans la préparation du processus d’exportation, confirmant par la même occasion le «surplus de la production nationale en viande rouge».
Et c’est dans ce contexte qu’il confirme la couverture du marché national en aliments de bétail grâce à l’Onab et la production à partir de cette année d’un produit «alternatif» pour supporter le poids de la facture des importations des aliments de bétail dont l’orge, un produit qui a, depuis toujours, constitué le point noir des éleveurs de par sa cherté. Concernant le dossier du blé avarié importé de Lituanie, une question à laquelle tenait Hakim Laâlam, le ministre de l’Agriculture a confirmé que le blé importé était «effectivement» contaminé. C’est une affaire qui concerne directement l’OAIC puisqu’il s’agit d’une transaction commerciale liée à un cahier des charges, a-t-il précisé.
«C’est suite à des analyses qu’il a été confirmé que le blé était enrobé», a-t-il déclaré, ajoutant que le dossier est en phase d’instruction afin de déterminer les responsabilités. «Ces responsabilités peuvent bien être aussi bien locales que du côté du fournisseur», a-t-il conclu.
Enfin, l’animateur de «LSA Direct», profitant de la présence du premier responsable de l’un des secteurs les plus concernés par les importations les plus «lourdes», pour s’informer sur les répercussions de la politique de réduction des dépenses du ministère de l’Agriculture sur certaines parties.
Celles qui tirent les dividendes de ces enveloppes financières. S’agit-il des partenaires traditionnels de l’Algérie ? Le ministre dira que « dans une opération d’importation, il y a évidemment deux parties », ajoutant que « des intérêts légitimes sont très touchés dans ce genre de situation ». Mais il avoue que l’Algérie vit une situation économique particulière, et de ce fait, « nous sommes dans un virage décisif où nous sommes appelés à rationaliser nos dépenses ».
Rappelant que le secteur de l’agriculture commence à développer des stratégies allant dans le sens de l’allègement de la facture des importations en engageant un programme de développement des cultures stratégiques.
En matière de chiffres, le ministre dira que nous sommes tenus de produire jusqu’à 50% de nos besoins à l’horizon 2024 en produits de cultures stratégiques. Il est à rappeler que des investissements de l’ordre d’un milliard de dollars ont été engagés dans le domaine du blé et 500 millions de dollars dans le soja et autres produits.
A. B.