Production de céréales : l’Algérie victime des bouleversements climatiques ?
Sur les ondes de la radio nationale, Mohamed El Hadi Sakhri, directeur général de l’Institut des grandes cultures l’annonçait déjà en mai dernier. La production céréalière de l’année devrait, selon lui, enregistrer une baisse en raison du déficit pluviométrique.
Loin de constituer un simple «épisode de sécheresse», le déficit en pluviométrie n’est qu’un des symptômes des bouleversements climatiques majeurs affectant l’Algérie dont elle est un des points focaux. Les projections des experts, dont ceux de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture anticipaient sur une hausse des températures de l’ordre de 1°C avec des baisses de précipitations de 5 à 10% à l’horizon 2020 et le double à l’horizon 2050, soit une augmentation de 2 à 3° C et une chute des précipitations de 10 à 30%.
Les climatologues évoquent ainsi un «emballement climatique global» et préfèrent parler d’«assèchement» en place et lieu de «sécheresse».
Les impacts sur les rendements agricoles en seront, dès lors, plus importants. Pour l’agro-économiste Zoubir Sahli, la modification des régimes de précipitations augmentera les probabilités de mauvaises récoltes à court terme et les baisses des niveaux de production à long terme.
Les changements climatiques entraîneraient aussi un dérèglement du calendrier agricole et une baisse des rendements des céréales allant jusqu’à 50%. D’où la «menace réelle pour la sécurité alimentaire du pays», dit-il.
L’actuelle crise de rareté de la ressource hydrique va bouleverser, à ses dires, l’agriculture algérienne pour les prochaines années.
En plus de l’actualisation du Plan climat, le rendre «plus visible», l’expert plaide la révision des «paradigmes» et des «doctrines agronomiques actuelles», de les orienter vers «d’autres systèmes de culture et d’élevage».
«Aussi, dit-il, il est nécessaire de prendre le temps de s’occuper de l’effrayante démographie et de la nature des besoins (exponentiels) de consommation alimentaire des citoyens, de faire le bilan précis des politiques agricoles et alimentaires, des politiques de lutte contre l’érosion des sols, de la sécheresse et la désertification et de l’eau et les réorienter en fonction des risques et enjeux actuels et futurs et de réduire la «folie des grandeurs» des «experts» et «conseillers», spécialistes de l’extension et de l’intensification agricoles à outrance (lire entretien, ndlr)».
M. Az.