Réserves de change

 Les assurances du ministre des finances

Le Gouvernement, en dépit de l’impact très pesant de la crise sanitaire, compte jouer pleinement son rôle d’accompagnement. Ainsi, comme l’a annoncé le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, le total des crédits destinés à l’économie nationale s’élevaient à 10.913 milliards de DA, dont 85% accordés par des banques publiques et 14,5% par des banques privées. Dans un autre contexte, il apporte un démenti formel quant aux assertions selon lesquelles l’Algérie enregistre une forte érosion de ses réserves de change. Ces dernières, indique le premier argentier du pays, se situent à des «niveaux appréciables et très acceptables» que le Gouvernement s’emploie à préserver à travers les mécanismes de réduction des importations mis en place. Notons toutefois que le projet de Loi de finances 2021 prévoit une baisse des réserves de change à moins de 47 MDS/USD en 2021, avant une reprise progressive lors des deux années suivantes. Le niveau des réserves de change atteindra 46,84 MDS/USD, soit près de 16,2 mois d’importations de marchandises et de services hors facteurs de production. Néanmoins, le niveau des réserves de change connaîtra une hausse progressive en 2022 (47,53 MDS/USD) et en 2023 (50,02 MDS/USD) grâce à l’excédent prévu pour ces deux années, avait expliqué le ministre des Finance. A ce sujet, le Pr Mohammed El Bachir Lebig et Mustapha Djemil, universitaires à Sidi Bel Abbès, affirment que «la trajectoire non soutenable des dettes souveraines observées ces dernières années démontre que le fait de détenir un pourcentage élevé d’actifs souverains n’est plus l’outil essentiel ou unique permettant de modérer l’exposition de ces actifs aux risques. Ces risques, qui varient d’un pays à un autre, dépendent aussi de certains paramètres comme la composition et les montants investis en dettes souveraines, les horizons et les objectifs de placement. «La véritable crainte pour l’Algérie qui opte pour l’investissement d’une importante partie de ses réserves de change en dettes souveraines vient du risque d’effondrement des économies débitrices dans leur ensemble par un défaut de paiement (éclatement de bulle de la dette souveraine), ou encore plus, d’une décision souveraine incontestable concernant l’endettement externe», expliquent les universitaires. Étant donné que la gestion des réserves de change peut améliorer la capacité d’un pays à gérer une crise, ajoutent-ils, « il est recommandable pour l’Algérie de concilier les deux objectifs de liquidité et de rentabilité en diversifiant son portefeuille de réserves en un portefeuille de liquidités et un portefeuille d’actifs sous forme de richesse moins liquide au rendement plus élevé». A cela s’ajoute «le besoin pour l’Algérie d’une approche plus stratégique visant à investir le volume excédentaire des réserves de change dans des investissements économiques productifs, responsables, durables, permettant de faire vivre les ressources naturelles au-delà de leur horizon physique».
Fouad Irnatene