DÉFICIT DE LA BALANCE COMMERCIALE

Un rééquilibrage difficile à maintenir dans la durée

Le déficit de la balance commerciale a baissé de 68% sur les cinq premiers mois de 2021, passant ainsi de “-3,9 milliards de dollars à fin mai 2020 à -1,3 milliard de dollars à fin mai 2021”.

Le déficit a ainsi été relativement jugulé grâce à la “forte augmentation des exportations globales de marchandises et aux mesures prises par les autorités publiques pour encadrer le commerce extérieur et qui ont permis de limiter les importations à hauteur de 15,2 milliards de dollars au cours des cinq premiers mois de 2021, contre 18,9 milliards de dollars à la même période de 2019, soit un repli de près de 20%”. C’est un résultat extraordinaire et presque inespéré ! Mais encore faut-il pouvoir maintenir sur la durée une performance aussi favorable.

La croissance des dépenses d’importation a souvent dépassé celle des revenus d’exportation, ce qui est normal dans un pays qui ne compte que sur les hydrocarbures pour renflouer ses caisses. Si en 2020, les termes de l’équation ont changé et le déficit commercial ne s’est creusé que modérément par rapport à l’année 2019, c’est parce que cette année (2020) a été “exceptionnelle” pour le pays où la pandémie de coronavirus a ralenti le flux des échanges commerciaux entre l’Algérie et ses partenaires, faisant ainsi chuter les importations, à la grande satisfaction de l’Exécutif.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, les exportations d’hydrocarbures ont augmenté de +32,70% et les exportations hors hydrocarbures de +81,71%. Il s’agit, là aussi, d’une évolution assez marquée, ce dont se félicite le gouvernement. Celui-ci peut assurément pousser un soupir de soulagement, tout en espérant que cette tendance à la hausse se renforcera durant les années à venir. Pour l’année 2021, le pays devrait voir un “retour progressif” de l’activité économique à des niveaux permettant le “rattrapage” des pertes subies en 2020.

Dans le secteur pétrolier, la situation s’est, il est vrai, légèrement améliorée, mais rien n’est encore sûr. L’énergie est un secteur-clé sur lequel le pays peut s’appuyer pour atteindre ses objectifs en matière de croissance, d’emploi et de développement durable ; néanmoins, rien n’est plus simple, car il s’agit d’un secteur qui dépend particulièrement de facteurs externes dont la tendance mondiale des prix. Mais pas seulement, l’accent est mis depuis quelque temps sur les technologies permettant de développer les énergies vertes. Les lobbies du tout vert exercent de fortes pressions sur les producteurs de pétrole et de gaz pour les obliger à établir des plans visant à réduire leur impact carbone.

Cela implique une baisse graduelle de leurs productions pétrolière et gazière. L’Algérie ne peut y échapper. Et quand la production baisse, cela conduirait inéluctablement à la chute des investissements dans ce secteur. Le cabinet de conseil en risques Verisk Maplecroft a élaboré en mars dernier un rapport sur le sujet et dans lequel il cite l’Algérie, le Nigeria, entre autres pays, où “la transition énergétique pourrait s’accompagner de risques politiques en remettant en cause les contrats sociaux traditionnels des États pétroliers : la légitimité à gouverner en échange de largesses en matière d’hydrocarbures”. 

Youcef Salami 

Source : https://www.liberte-algerie.com/economie/un-reequilibrage-difficile-a-maintenir-dans-la-duree-360233

Laisser un commentaire